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Manipulation des objets entrants dans les archives cinématographiques à l'ère du Coronavirus

Informations réunies et organisées par Elaine Burrows pour la PACC

5 June 2020


L’un des affiliés de la FIAF nous a demandé s'il existait - ou pourrait exister - des directives à l'échelle de la FIAF concernant la manipulation des documents d'archives, et plus particulièrement ceux qui proviennent de l'extérieur. Cette question a été transmise à la Commission de programmation et d'accès aux collections (PACC), car ses membres sont les plus susceptibles de solliciter des éléments à d'autres structures – dans le cadre de projections.

Personne au sein de la FIAF ne possède les connaissances scientifiques et/ou médicales requises pour pouvoir édicter des règles de sécurité absolues concernant cette problématique. Toutefois, la PACC, en lien avec la Commission technique, s’est intéressée à la question, et entrepris des recherches en ligne et auprès de collègues de la FIAF et d'autres organisations.

Les meilleures pratiques suggèrent de suivre les consignes nationales ou locales pour tout ce qui concerne une livraison entrante - y compris le courrier postal. Chaque organisation doit édicter ses propres règles et procédures pour tout objet entrant et pour sa manipulation ultérieure.

Les recommandations suivantes se fondent sur ce que nous pouvons retenir de l'état imparfait de l’état actuel des connaissances. Elles ne se veulent en aucun cas définitives.

La précaution la plus incontournable consiste à se laver les mains à l'eau et au savon pendant au moins vingt secondes, et ce à intervalles réguliers, notamment après tout contact avec un objet potentiellement suspect. À défaut, on pourra utiliser un désinfectant pour les mains à base d'alcool à 60 % (minimum). Il faut absolument éviter de toucher son visage sans s’être lavé ou désinfecté les mains.

Les températures très élevées et les désinfectants à base d'alcool tuent le virus, mais aucun n'est adapté à la manipulation des documents d'archives (sauf s’ils sont protégés dans un conteneur en métal ou en plastique). Manipuler des objets de collection, en particulier en papier, avec des mains imbibées d'alcool, risque de les endommager. Nos sources s'accordent pour dire que les emballages de tout objet entrant doivent impérativement être jetés (en les nettoyant si possible à l'alcool avant de les toucher), que l’objet lui-même doit être manipulé avec des gants (en nitrile bleu de préférence) et que ces derniers doivent être jetés (avec précaution) dès que la tâche est terminée. Ils ne doivent en aucun cas être réutilisés.

Si l’objet est emballé dans un conteneur en plastique ou en métal, il est recommandé de nettoyer ce dernier à l'alcool. Cette procédure peut éventuellement s’appliquer aux disques durs, mais la solution à privilégier est de demander à ce que les fichiers en question soient transmis directement par voie numérique.

Des questions nous ont également été posées sur la procédure de quarantaine des objets entrants. Il n'y a pas de différence substantielle entre un objet entrant et un autre. Comme indiqué plus haut, la même problématique existe concernant la réception du courrier postal. Le NCPTT (Centre national d'information et de formation sur les technologies de conservation) préconise une quarantaine de neuf jours pour tout objet, conformément aux directives du Journal of Hospital Infection de mars 2020, elles-mêmes basées sur la durée de vie de neuf jours constatée pour le virus du SRAS-CoV, responsable de l'épidémie de SRAS de 2002-2004. En avril 2020, l'Institut canadien de conservation préconise également une quarantaine de neuf jours, toujours sur la base de la connaissance du virus SRAS-CoV.

Les informations publiées, en avril 2020 également, par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais concernant cette fois le SRAS-CoV-2 (le coronavirus actuel), suggèrent que celui-ci ne peut survivre que 24 heures sur les surfaces souples ou le carton, durée portée à 72 heures (trois jours) sur des surfaces dures comme le plastique ou le métal. Par conséquent, si la quarantaine est jugée indispensable - si l’objet ne peut être nettoyé à l'alcool, par exemple - une semaine devrait être suffisante.

Il convient toutefois de garder à l'esprit que tout colis entrant a forcément été en transit durant plusieurs jours et, avant cela, peut avoir séjourné dans un service d'expédition. Si l'emballage extérieur a pu entrer en contact avec le virus pendant son acheminement, il est fort possible que la période de quarantaine pour le contenu protégé soit terminée au moment de sa livraison.

Le site web de l'OMS contient des informations très détaillées sur le virus et les mesures de protection individuelle, tout comme celui des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Toutefois, ni l’un ni l’autre ne traite des problématiques spécifiques aux musées et archives et, en dehors des sources mentionnées ci-dessus, on ne trouve guère d’informations en ligne sur le sujet. Les propositions du présent document découlent non seulement de recherches en ligne, mais aussi des suggestions d'Anne Gant et de la Commission technique, de Catherine Cormon et Jim Wraith du Eye Filmmuseum, du coordinateur de formations de la FIAF David Walsh, du Centre national du cinéma et de l'image animée (Bois d'Arcy), d'Orly Yadin du Vermont International Film Festival et des présentations du webinaire AMIA "Remote Collections Management" (3 et 4 juin 2020). Nous les remercions tous.


Note: Si votre institution a rédigé ses propres directives sur la manipulation des films et autres matériels, ou toute autre mesure exceptionnelle prise dans le cadre de la crise COVID-19, nous aimerions avoir de vos nouvelles. Veuillez nous envoyer un courriel à info@fiafnet.org.